La Soka Gakkai est un mouvement bouddhiste laïque basé sur le bouddhisme de Nichiren, l’un des principaux enseignements bouddhistes présents au Japon. Fondé par Tsunesaburo Makiguchi, ce mouvement s’est développé dès la fin des années 1920 dans le monde entier. Soka Gakkai signifie « société créatrice de valeurs ». Elle repose sur de profondes valeurs humaines et de paix.
L’histoire de la Soka Gakkai
Le mouvement de la Soka Gakkai a vu le jour au Japon dans un contexte d’entre-guerres marqué par l’essor du militarisme. Un éducateur japonais, Tsunesaburo Makiguchi, a découvert à cette époque le bouddhisme de Nichiren, du nom du moine japonais du XIIIe siècle pour qui la nature de Bouddha est présente en chacun de nous. Conquis par cette pensée et ses valeurs, il décide de s’y convertir dès 1928, avant de fonder, avec son disciple Josei Toda, en 1930, la Soka Kyoïku Gakkai (ou l’« Association pour une éducation créatrice de valeurs »).
Farouchement opposé à la politique militariste alors en vigueur, Makiguchi est arrêté en 1943, puis emprisonné avec d’autres adeptes de la Soka Kyoïku Gakkai. La plupart de ces derniers acceptent de renoncer à leur foi, mais pas Makiguchi. Ce dernier reste fidèle à ses convictions malgré les interrogatoires et sévices qu’il subit. Il meurt en prison en 1944.
De son côté, Josei Toda se consacre lors de son emprisonnement à l’étude du Sûtra du Lotus qui lui permet de s’éveiller pleinement au bouddhisme de Nichiren. Cette révélation le conduit à faire renaître le mouvement Soka Gakkai, dont il devient le second président en 1951. Il veille alors à développer le mouvement au Japon, notamment en se basant sur le principe de « kosen rufu », défini comme « la paix dans la société par le bonheur profond des individus ».
En 1960, son disciple Daisaku Ikeda devient le troisième président de la Soka Gakkai. Ce dernier va poursuivre le développement du mouvement, et ce, à l’international.
Les principes et valeurs de la Soka Gakkai
Il faut avant tout revenir sur l’origine du bouddhisme : Bouddha, qui est un terme sanskrit signifiant « éveillé », a vécu en Inde au Ve siècle avant Jésus-Christ. Il s’éveilla et dispensa tout au long de sa vie son enseignement que ses disciples ont ensuite recueilli dans des sûtras. C’est sur l’un de ses sûtras, le Sûtra du Lotus, que repose l’enseignement de Nichiren.
Ce dernier comporte trois principes fondamentaux, à savoir :
- la foi, qui se traduit par la croyance en l’enseignement de Nichiren, basé sur le Sûtra du Lotus et sur le mandala Gohonzon, l’« objet de vénération » devant lequel s’accomplit la pratique du bouddhisme ;
- la pratique, qui doit être appliquée au quotidien car le bouddhisme de Nichiren prend de la valeur dans l’action. Cela se traduit par une pratique personnelle mais aussi altruiste, afin d’aider les autres ;
- l’étude, au travers des écrits de Nichiren afin de nourrir la foi et d’encourager la pratique.
La philosophie de la Soka Gakkai promeut les valeurs de paix, de culture et d’éducation. Ces dernières contribuent à l’enrichissement de nos vies et permettent également d’intervenir positivement sur la société. La foi se traduit certes par la pratique et l’étude mais aussi par l’implication dans les activités du mouvement bouddhiste afin d’apporter sa contribution à la société. Ces valeurs font pleinement écho au vœu de Bouddha, à savoir « soulager la souffrance » des êtres vivants, et contribuer à leur épanouissement ».
Le Sûtra du Lotus
Ce Sûtra repose sur le fait que chaque être humain a la possibilité de manifester la bouddhéité ou l’Éveil. Chacun doit ainsi bénéficier du plus grand respect et doit pouvoir mener une vie heureuse. Il est par ailleurs nécessaire de tout mettre en œuvre pour aider les autres à faire de même. Le président de la Soka Gakkai internationale, Daisaku Ikeda, indique qu’ « encore une fois, c’est la capacité de respecter l’autre qui rend possible un dialogue vraiment ouvert. En ce sens, l’effort d’écouter sincèrement l’autre personne est à certains égards plus important que de transmettre ses propres opinions ». Il ajoute : « C’est ma ferme conviction que nous devons regarder au-delà des étiquettes – un tel ami ou ennemi – et nous concentrer plutôt sur la réalité de notre humanité partagée. Si nous gardons cela fermement à l’esprit et exprimons ce qui est dans nos cœurs, même les problèmes les plus apparemment insolubles peuvent être résolus ».
Kosen Rufu
Il s’agit d’un concept capital dans le bouddhisme de Nichiren. On le définit comme « la paix dans la société par le bonheur profond des individus », autrement dit une paix sociale rendue possible par une large diffusion du message humaniste présent dans le Sûtra du Lotus, qui accorde le plus grand respect à chaque personne. Selon Daisaku Ikeda, « nous devons nous rappeler que le « moi » ne peut se développer qu’à travers la conscience des autres. Une interaction spirituelle intense – y compris même un élément de conflit – est essentielle si nous voulons grandir, mûrir et devenir vraiment humains. Sans ce processus, les gens ne peuvent pas se développer au-delà du stade de l’égocentrisme. Le narcissisme égocentrique est en fait le berceau dans lequel se nourrissent la haine et la violence ».
Le Gohonzon
Au centre de ce parchemin, que l’on peut traduire par « objet de dévotion », est écrit Nam-myoho-renge-kyo ainsi que le nom des Dix Mondes ou Dix Etats. Il permet à chacun de révéler sa nature éveillée au travers de la sagesse et de la compassion de Bouddha.
On peut à ce titre évoquer le témoignage de Daisaku Ikeda : « Nichiren a été le premier à faire de l’acquisition de la sagesse par la foi une possibilité pour tous. En suivant ses enseignements, il devient possible d’utiliser chaque événement de la vie, agréable ou douloureux, comme une opportunité pour le développement ultérieur de notre sagesse innée.
Lorsque Nichiren déclare que les désirs terrestres mènent à l’illumination, il décrit un processus par lequel même les gens ordinaires vivant au milieu d’impulsions illusoires et de désirs terrestres peuvent manifester leur plus haute sagesse ».
Nam-myoho-renge-kyo
La pratique quotidienne passe par la récitation de Nam-myoho-renge-kyo, ainsi que celle d’extraits du Sûtra du Lotus, en faisant face au Gohonzon. Cet acte permet de réaffirmer la dignité de la vie. Il procure notamment sagesse, compassion, courage ainsi que force vitale. Le président de la Soka Gakkai internationale, Daisaku Ikeda, explique : « Nam-myoho-renge-kyo n’est pas une sorte de formule magique à réciter pour satisfaire des désirs. C’est une pratique qui exprime notre foi en la vérité et met nos vies en rythme avec cette vérité. C’est un chemin pour surmonter le soi-disant moi inférieur qui est attaché aux désirs et tourmenté par des impulsions illusoires. C’est un processus d’entraînement et de transformation de nos vies pour être capable de manifester notre plus grand moi, de faire naître notre sagesse de Bouddha et la capacité compatissante de réaliser le bonheur pour nous-mêmes et pour les autres ».
La Soka Gakkai internationale
La Soka Gakkai internationale (SGI) se compose des associations Soka présentes dans 192 pays et territoires, accueillant près de 12 millions de pratiquants en son sein. Son objectif est d’initier et de mener diverses actions au niveau mondial en matière de paix, d’éducation, de culture et de rapprochement entre les cultures et les peuples.
La SGI a ainsi obtenu le statut consultatif auprès du Conseil économique et social et du Département de l’information publique des Nations unies en 1983. Elle intervient également depuis 1997 auprès du Haut-Commissariat aux réfugiés (UNHCR) afin d’entreprendre des actions humanitaires.
L’ensemble de ses membres contribuent également au quotidien pour la société en créant des liens de solidarité et en s’éveillant à leur potentiel créatif. Cela s’inscrit parfaitement dans le principe de « révolution humaine », promu par la Soka Gakkai, qui enseigne que le changement en profondeur d’un individu permet à la société dans son ensemble d’avancer positivement.
C’est par ailleurs aussi pourquoi la SGI veille à proposer diverses actions culturelles, notamment au travers d’événements comme des conférences, des expositions ou encore des concerts. Ces moments partagés ont pour mission de découvrir des œuvres de chaque culture afin de les rendre accessibles à chacun. Daisaku Ikeda ajoute qu’« afin de faire ressortir l’aspect positif et stimulant des différences culturelles, je pense qu’il est essentiel de garder à l’esprit les racines universelles de toutes les cultures et de maintenir une position de base de respect pour toutes les traditions culturelles. Cela nous permettra de voir au-delà de telles différences avec notre humanité commune, améliorant ainsi les possibilités d’une communication authentique ».
La Soka Gakkai en France
A l’image de la Soka Gakkai Internationale, le mouvement Soka en France s’est développé au cours des dernières années pour compter aujourd’hui plus de 20 000 pratiquants.
On dénombre trois associations de Soka Gakkai dans l’Hexagone, qui sont :
- l’Association cultuelle Soka du bouddhisme de Nichiren (ACSBN) ;
- l’Association culturelle Soka de France (ACSF) ;
- l’Association de commerce, d’édition et de prestation (ACEP).
L’objectif du mouvement est également de prôner et de transmettre les valeurs du bouddhisme de Nichiren, à savoir notamment l’humanisme et le pacifisme.
La Soka Gakkai francophone
La Soka Gakkai internationale est également présente dans de nombreux pays francophones. Il est ainsi possible de découvrir, ou d’approfondir, le bouddhisme de Nichiren, au sein de :
- la Soka Gakkai Belgique, dans le centre de Bruxelles ;
- la Soka Gakkai Canada, dans les centres de Calgary, Edmonton, Montréal, Ottawa, Québec, Toronto, Vancouver et Winnipeg ;
- la Soka Gakkai Suisse, dans les centres de Genève, Lugano ou encore Zürich.
- Les organisations Soka des différents pays d’Afrique francophone.
Pour en savoir plus :